Irrigation des Tuilières : l’étude du SYGRED et du Conseil général

Au cours de la réunion qui a eu lieu le 4 décembre 2014 à Nyons, le SYGRED (Syndicat de Gestion de la Ressource en Eau en Drôme) et le Conseil Général de la Drôme (Schéma Départemental d’Irrigation de la Drôme) ont fait le compte rendu de l’étude réalisée en 2014 sur l’ensemble du bassin-versant de l’Eygues. Elle concernait toutes les structures d’irrigation, de type A.S.A. (Association Syndicale Autorisée).


Etaient présents l’Agence de l’Eau, la Direction Départementale des Territoires, le Conseil Régional, les structures invitantes, et de nombreuses structures d’irrigation collective du Bassin-versant de l’Eygues.

La problématique est bien de répondre, à terme, aux exigences de restriction des prélèvements de la ressource en eaux superficielles.
Sur l’Eygues, les objectifs de réduction des volumes prélevables sont de 40 %.
Il existe deux types de prélèvements à but agricole sur l’Eygues : les irrigants privés, individuels, et les structures collectives (de type A.S.A).
36 % des adhérents aux ASA de la Drôme sont agriculteurs en activité.
1000 agriculteurs pour les bassins de l’Eygues, du Lèz et de l’Ouvèze.
La surface moyenne irriguée est de 1,3 ha.

Sur le bassin de l’Eygues, l’étude montre qu’il n’y a pas d’enjeu patrimonial de protection d’ouvrage d’irrigation, contrairement à l’Ouvèze. Cela facilite d’autant la réflexion sur des travaux de mises aux normes éventuelles.

Les prélèvements réalisés par ces structures sont 10 fois supérieurs aux besoins consommés. Bien évidemment, ces chiffres bruts ne comprennent pas les volumes d’eau restitués au milieu.

Les obligations réglementaires de la nouvelle loi sur l’eau sont :
– de mettre en place un dispositif de comptage des volumes prélevables,
– mais aussi de travailler sur les moyens à mettre en œuvre pour restituer le débit réservé vers le milieu naturel.
Clairement, cela demande à mettre en conformité des canaux d’irrigation ou tout autre système d’irrigation, de la prise d’eau à la prise de restitution au milieu (Code de l’Environnement L214-18).
C’est pour cette raison qu’un audit de toutes les ASA a été réalisé, avec définition des projets techniques à mettre en place pour respecter les normes.

Les obligations d’investissement minimum demandent l’acquisition d’une échelle limnimétrique et d’un compteur volumétrique.

Une fiche technique a été réalisée pour chaque structure d’irrigation. Ces fiches font apparaître deux types d’investissement : les investissements minimum (échelle + compteur) dont les coûts sont inférieurs à 5 000 €, et les structures dont les réseaux nécessitent des investissements plus importants (supérieurs à 20 000 €).

L’ASA des Tuilières située sur notre commune entre dans le second groupe.
En effet, la prise d’eau actuelle nécessite régulièrement des travaux en rivière, et est très aléatoire. L’autorisation administrative ne sera plus renouvelée par les services de l’Etat si les travaux préconisés ne sont pas réalisés.
Les préconisations pour l’ASA des Tuilières sont de changer complètement le système d’irrigation. La prise d’eau « historique » doit être abandonnée au profit, à l’heure actuelle, d’un forage, avec de la mise à disposition d’eau sous pression.
Les chiffres avancés par l’étude sont de près de 50 000 €, mais ne comprennent pas l’équipement d’irrigation jusqu’à la parcelle. Ils ne représentent que le coût de forage du puits et de l’installation de la pompe.

L’enjeu est donc très important pour cette structure collective. Il est clair qu’elle doit modifier son mode d’irrigation, mais cela va entraîner des coûts très importants. La meilleure option sera mise en place avec le SYGRED, les Services de l’Etat et les différents financeurs (Conseil Régional, Général), et ce, dans l’intérêt du plus grand nombre. Il reste à l’ASA à se positionner clairement et à assumer les conséquences financières de cette évolution. La part de financements publics pourrait être de 80 % dans le meilleur des cas.
L’enjeu est clair :
– l’ASA opte pour un système de prélèvement des eaux souterraines par forage et irrigation à la parcelle par eau sous pression (et cela ne l’obligera pas à demander des autorisations qui ne concernent que les eaux superficielles), avec la possibilité probable pour les irrigants de devoir, à terme, payer l’eau consommée, mais aussi pour ces derniers de bénéficier d’une ressource en eau pérenne, efficace, et sur l’année, indépendamment des conditions climatiques, d’interventions en rivière, et d’autorisations administratives annuelles. Cela obligera l’ASA à recourir à l’emprunt, ses capacités d’auto financement n’étant pas suffisantes. Le montant envisageable pour un coût total de 100 000 € pourrait être de 20 000 € (si elle obtient les fameux 80 % d’aide). Si elle peut trouver une source de financement sur 10 ans, cela représente 2 000 € de remboursement en capital par an. Elle donnera donc un nouvel élan à l’agriculture sur ces parcelles, mais surtout un nouvel essor à ses agriculteurs ;
– ou elle disparaît, et avec elle la possibilité d’irriguer ces terres en toute légalité.

Bien évidemment cela est un tournant, à de nombreux niveaux.
Mais les conséquences d’une décision ou d’une autre sont très très importantes, et pour l’ASA, pour ses membres, actifs ou non, mais plus globalement pour la commune et toute la zone.
La mobilisation du plus grand nombre possible d’acteurs est fondamentale et devra permettre de trouver la meilleure solution.
L’objectif est bien de répondre aux exigences du plus grand nombre, pourvu qu’elles soient légitimes, objectives, et engagent tout notre territoire vers un avenir meilleur.

Rémy Margiela