Églises

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Curés des Pilles

Archives diocésaines de Valence – 2015

Les vitraux de l’église sont les dons des habitants de Les Pilles, Aubres et Châteauneuf de Bordette. Ils ont été posés en 1879 par le vitrailliste Louis PAGES de Montpellier.

L’église des Pilles reconstruite en 1859 coûta 1626 napoléons

par JP Calimez

Le temps de la réflexion

               A un moment où le village des Pilles va connaître une animation exceptionnelle avec l’ouverture de son tunnel qui a fait l’objet de tant de controverses depuis de nombreuses années mais a pu enfin être réalisé, il est assez curieux de plonger dans le passé pour retrouver une réalisation qui elle aussi revêtit une grande importance, localement.

               Nous voulons parler de la reconstruction de l’église sous le règne de Napoléon III et qui présente avec la construction du tunnel actuel une analogie sur laquelle nous ne voulons pas épiloguer mais qui pourtant mérite d’être relevée. En effet si la décision d’édifier un nouveau lieu de culte fut étudiée par les édiles pillois sous le 1er Empire pour n’être appliquée que sous le second, il est piquant de constater que pour le tunnel le projet vit le jour sous la 3è République pour aboutir seulement sous la 5è.

               Mais revenons à notre église des Pilles qui ne manque pas d’attraits dans ce village qui possède une réelle beauté grâce à son site et ses constructions, même si celles-ci ne sont pas mises en valeur actuellement mais retrouveront peut-être leur cachet provençal quand la vie sera redevenue plus facile le long de cette route des Alpes asphyxiée jusqu’à présent par une circulation parfois démentielle.

Cette église, reconnaissons-le, aurait pu être laide si on avait voulu « singer » le gothique comme cela fut souvent le cas. Ici l’architecte, Monsieur H. Epailly, sut au contraire rester dans la note romane, alliant la robustesse à la simplicité et utilisant au maximum les matériaux du pays. Eut-il des instructions de l’évêché ? Dut-il calculer au plus juste ? Les deux peut-être mais l’église n’a pas mal vieilli même si les problèmes d’étanchéité de la toiture, qui sont communs à toute la région, se posent parfois avec une acuité particulière quand le Mistral s’infiltre avec violence dans la vallée à moins que ce soit la Vézine, ce vent particulier aux Pilles, qui vienne soulever les tuiles.

Le clocher d’ailleurs, au cours d’une tornade, a perdu le toit qui le coiffait et celui-ci n’a pas été remplacé, une terrasse terminant, on peut le regretter, son élan vers le ciel

1811 : 1ères délibérations

               C’est donc le 4 janvier 1811 que le Conseil Municipal de Les Pilles eut à délibérer suite à une circulaire de Sa Majesté Impériale et Royale sur la nécessité de faire connaître à Monsieur le Préfet les fonds dont la commune pouvait disposer pour améliorer l’église paroissiale. Napoléon 1er ,en effet, voulait faire réparer les églises qui en avaient besoin, en faire construire dans les communes où il n’y en avait pas et les pourvoir d’un presbytère.

               Le maire exposa que l’église des Pilles (nous croyons savoir qu’elle était en fort mauvais état) avait besoin d’être agrandie au moins d’un tiers, soit pour les habitants de cette commune, soit pour un grand nombre d’étrangers des pays circonvoisins qui viennent tous les dimanches assister aux offices divins, soit pour les passants, l’église se trouvant sur la grande route. Il faut savoir qu’en 1811, la population du village s’élevait à 608 habitants contre 157 actuellement.

               Quant au presbytère, la paroisse n’en possédait pas pour le logement du desservant et il n’existait pas d’emplacement pour en construire un.

La commune n’ayant aucun fonds se trouvait dans l’impossibilité réelle de subvenir aux frais occasionné par l’agrandissement de l’église.

En ce qui concerne la construction du presbytère, le Conseil, considérant que la commune possédait quelques mauvais hermès (terres en friche) et bâtiments qui ne lui étaient d’aucune utilité et ne produisaient aucun revenu, fut d’avis de demander à Monsieur le Préfet la permission de vendre les dits immeubles estimés en tout  huit cents francs. Le secours d’Aubres et de Châteauneuf de Bordette, annexes, serait demandé et le complément serait enfin pris sur les subventions pour les cultes afin de former l’entier paiement du presbytère qui, signalait la délibération du Conseil Municipal, ne pouvait être en dessous de deux mille francs attendu la cherté des bâtiments dans cette commune.

1859: Début de la construction

               Nous ne possédons pas d’informations sur les moyens financiers mis en œuvre pour reconstruire l’église mais nous avons eu en main le devis estimatif des travaux de diverses natures à exécuter pour cette construction, vu par le Préfet de la Drôme, Monsieur Ferlan, le 8 mars 1859 et par l’Évêque de Valence le 15 mars de la même année qui donnait son accord à condition qu’il serait pratiqué deux chapelles latérales.

               Ce devis s’élevait à 21 453,96 Francs plus les honoraires de l’architecte représentant 5% de cette somme à laquelle il fallait ajouter 10 000 Francs pour l’acquisition des maisons pour l’emplacement de l’église.

               Dans ce devis on trouvait les prix suivants

–        Déblaiement de terre végétale : 0F70 le m3

–        Déblaiement de rocher : 2F20 le m3

–        Fouille pour les fondations : 2F77 le m3

–        Maçonnerie en fondation : 6F75 le m3

–        Maçonnerie en élévation : 7F50 le m3

–        Corniches, bandeaux, colonnes, marches, dalles : 33F le m3

–        Taille des pierres de taille : 6F le m3

–        Sculpture des chapiteaux extérieurs : 30F le m3

–        Charpente en bois de sapin : 72F60 le m3

–        Couverture en tuiles : 2F45 le m2

–        L’autel et la chaire à prêcher : 1200F

–        La porte de l’église en noyer : 120F

–        Croisées de l’église fermées par des vitraux blancs : 55F pièce

–        Escalier du clocher en chêne : 285F

Les journées de travail

Les journées de travail étaient de 10 heures à raison de six par semaine; seul le 15 août était férié quand il tombait un jour ouvrable et l’on ne connaissait pas évidemment les fêtes nationales que sont devenus le 1er mai et le 14 juillet.

               Le prix de journée de travail, non compris les frais d’outils et le bénéfice de l’entrepreneur, était de 1F60 pour un manœuvre terrassier ; 2F50 pour un carrier mineur ; 3F50 pour un charpentier ; 2F50 pour un maçon poseur et 3F50 pour un tailleur de pierre

               La journée d’un tombereau à cheval y compris le conducteur coûtait 5F; celle d’un tombereau à 2 chevaux: 9F.

               Parmi les personnes qui travaillèrent sur ce chantier on trouve des noms bien familiers tels : Jean et Victor BRUN, Frédéric VERNET, Régis BREZ, Pierre FERRAND, Xavier BONNEFOI, Quenin DEYDIER, RAMUS, GLEYSE, JAVELAS, LONG, FAURE, BONTOUX, GRAS, …